Trail de Barcelone - Long Distance
70 km/3000 D+
Il n'aura pas fallu longtemps pour que je morde à l'hameçon: c'est en novembre que je vois passer le post de Judith sur le trail de Barcelone, distance 70 km. Ce n'est pas loin, moyen d'avoir des vols pas chers, de partir du vendredi et de revenir du dimanche, en plus, toute une bande de régionaux sont partants. Bref, toutes les conditions sont réunies pour que je m'inscrive. Le seul hic est que ce trail ne s'insère pas bien dans mon planning 2017 déjà bien chargé. Qu'à cela ne tienne, je décide que je le ferai avec la forme du moment, sans plus.
La préparation hivernale aura été laborieuse, avec pas mal d'épisodes de toux (les nuages de pollution y seraient-ils pour quelque chose? Je commence sérieusement à me poser la question …), et une belle grippe, pour laquelle il m'a fallu un bon mois pour me rétablir. Et en plus de cela, mon tendon d'Achille fait des siennes cette année. Il y a des années comme ça… Je suis donc souvent obligée de faire mes séances VMA sur le terrain de foot, sans pouvoir profiter de la belle piste de Bernissart. Mais bon, il y a pire que ça dans la vie, on est d'accord. La préparation à ce trail aura donc été réduite au strict minimum nécessaire (avec seulement deux sorties au Mont Saint-Aubert). Mais je suis confiante dans mes chances de réussite. Comme le dit François D'Haene, le corps se souvient, et j'ai déjà réalisé ce genre de distance à deux reprises.
Je scrute la météo la semaine qui précède le départ, et elle n'est pas bonne. On annonce même des pluies diluviennes pour le week-end. Un peu paniquée, je décide de m'acheter en urgence une veste Gore-Tex 28 000 Schmerber! Apparemment, une veste est vraiment imperméable à partir de 20 000, ça devrait donc le faire. Rester au chaud peut en effet sauver ses chances de venir au bout d'un trail …
Nous atterrissons le vendredi, sous la pluie. Nous nous rendons à l'hôtel, sous la pluie. Et nous mangeons, alors que dehors, la pluie tombe toujours dru. Il n'y a pas à dire, nous ne sommes pas dépaysés. C'est le genre de journée belge typique, quand il ne pleut qu'une fois … C'est donc avec une certaine appréhension que nous préparons notre sac, dans l'optique de parcourir un trail quasiment hivernal. Je prends une tenue complète de rechange, en me disant que c'est ce qui me permettra de terminer le trail si les conditions sont vraiment mauvaises. Nous sommes tous un peu dégoûtés, mais bon, le temps peut encore changer. D'ailleurs, ils annoncent un temps sec pour le samedi après-midi.
Le réveil sonne à 5h30, pour un départ de l'hôtel à 5h50. Les cent-bornards démarrent à 7 heures, tandis que, sur le 70, nous démarrons à 8 heures. Nous souhaitons bonne chance aux copains qui s'élancent sur le 100, allons prendre un petit café, voyons à la télévision des images incroyables de centimètres et de centimètres de neige qui s'accumulent, de voitures bloquées, de camions en ciseaux … Heureusement, en ce qui nous concerne, le temps a l'air de tenir, et il s'avèrera qu'il fera même très beau cette journée-là. Il aurait même fallu mettre de la crème solaire… Plus de peur que de mal, donc! J'aurai donc crapahuté pour rien avec un sac hyper lourd bon pour le Pôle Nord …
Nous démarrons dans le village, avant de prendre rapidement une piste forestière. Cela grimpe assez rapidement, mais ce n'est pas encore trop pentu. De manière générale, cela aura été rarement pentu au point de me couper le souffle, sauf à une reprise vers le temps de midi, mais là c'était plus dû à la chaleur.
Le parcours se déroule dans le parc naturel "del Garraf", qui est véritablement superbe. Il est traversé par le GR 92. Les paysages alternent entre collines et splendides vues sur la mer, c'est très joli. Il fait vite bon, et on décide d'enlever une couche. Quand je dis "On", c'est moi et Laurent, qui a accepté d'être mon chevalier accompagnant sur cette course. Je ne remercierai jamais assez tous ces hommes qui se dévouent pour que je ne fasse pas course seule. Ils se reconnaîtront ;-)
Nous atteignons la mi-course après 5h15 plus ou moins, après deux chutes pour moi … Dès que les sentiers deviennent caillouteux, en descente, inévitablement, je m'étale. Il faudra vraiment travailler ça. Dans ce cas-ci, cela n'a pas prêté à conséquence, mais cela pourrait aisément. Je m'en sors avec un gros hématome sur le bras et sur la paume des mains.
Psychologiquement, c'est très agréable de se dire qu'on est à mi-course et qu'il n'y a plus que 35 bornes à courir. C'est une distance plus facile à appréhender pour l'esprit. D'ailleurs, beaucoup de traileurs découpent les distances en fonction des ravitaillements, le but étant de rallier l'un après l'autre et de faire ainsi son petit bonhomme de chemin. La distance est ainsi découpée en plusieurs tronçons plus courts, moins effrayants …
Les chemins demeurent semblables: sentiers étroits (dans lesquels il n'est pas toujours évident de planter les bâtons. D'ailleurs, mes dragonnes se prennent souvent dans la végétation, je dois donc courir avec les pointes des bâtons vers l'arrière. Heureusement que c'est Laurent qui me suis, sinon je n'aurais pas osé par peur d'embrocher un coureur!), avec de la caillasse (en descente de préférence, c'est encore mieux!), larges pistes forestières agréables (notamment entre le 40e et le 50e, où je retrouverai un second souffle).
De manière générale, j'aurais pu gagner quelques minutes sur la fin, mais je n'avais plus ni les jambes ni les pieds pour courir. La fatigue s'est installée dès le 50e, et il a fallu gérer après. Par ailleurs, je n'ai jamais osé prendre trop de temps de pause aux ravitos, car mes muscles refroidissaient et se raidissaient très vite, et il était pénible de repartir. Tant que je suis sur la question des ravitaillements, ils étaient plus que corrects. C'était la première fois que je tentais l'expérience du pain de mie avec du fromage ou avec du choco. Franchement, c'est super bien passé. Cela donnait même l'impression d'avoir un petit repas dans le ventre et de ne pas courir avec celui-ci vide.
Côté émotions, ma gorge s'est nouée quand j'ai vu un papa traileur qui me suivait tout à coup piquer un sprint pour rejoindre ses enfants qui l'attendaient au ravito du 60e. C'était beau à voir. D'autant que lui non plus n'était plus capable de courir … C'est également au 60e que je dirai à Laurent: "Bon, maintenant, Laurent, je cours au mental. Si je pleure, râle, tu fais semblant de rien. C'est comme ça et c'est normal". Il en a pris bonne note et fut un excellent partenaire de course. Merci Laurent!
Nous arrivons au dernier ravito. Normalement il reste 3 km, mais on nous dit qu'il en reste encore 5! Petit coup au moral, mais il faut repartir. On met la veste et la lampe frontale, et on y va. On arrive à marcher parfois à du 7 km/h, ce qui est vraiment pas mal. J'ai mal partout, mais je m'accroche. Il faut le finir.
Nous passons l'arche juste sous les 12h, le chrono que j'avais prévu initialement. Un peu déçue d'avoir souffert de la sorte, mais la préparation n'était pas là. Il ne fallait donc pas en attendre trop. Tous les camarades seront finishers, dont Paul qui fera 8e au scratch sur le 100, une sacrée performance, même assez rare pour un traileur belge à l'étranger! C'est fourbus mais ravis que nous reprenons la route de l'hôtel pour une nuit de repos bien méritée.
Trail
+: pas loin, pas cher, belle région, trail assez accessible, organisation familiale, pas encore trop de monde, ravitos plus que corrects, belle région pour rester passer quelques jours ensuite
-: balisage assez light, mais c'est dû aux contraintes du parc naturel, communication parfois déficiente (où mettre les sacs coureurs, cadeau finisher, etc).
La préparation hivernale aura été laborieuse, avec pas mal d'épisodes de toux (les nuages de pollution y seraient-ils pour quelque chose? Je commence sérieusement à me poser la question …), et une belle grippe, pour laquelle il m'a fallu un bon mois pour me rétablir. Et en plus de cela, mon tendon d'Achille fait des siennes cette année. Il y a des années comme ça… Je suis donc souvent obligée de faire mes séances VMA sur le terrain de foot, sans pouvoir profiter de la belle piste de Bernissart. Mais bon, il y a pire que ça dans la vie, on est d'accord. La préparation à ce trail aura donc été réduite au strict minimum nécessaire (avec seulement deux sorties au Mont Saint-Aubert). Mais je suis confiante dans mes chances de réussite. Comme le dit François D'Haene, le corps se souvient, et j'ai déjà réalisé ce genre de distance à deux reprises.
Je scrute la météo la semaine qui précède le départ, et elle n'est pas bonne. On annonce même des pluies diluviennes pour le week-end. Un peu paniquée, je décide de m'acheter en urgence une veste Gore-Tex 28 000 Schmerber! Apparemment, une veste est vraiment imperméable à partir de 20 000, ça devrait donc le faire. Rester au chaud peut en effet sauver ses chances de venir au bout d'un trail …
Nous atterrissons le vendredi, sous la pluie. Nous nous rendons à l'hôtel, sous la pluie. Et nous mangeons, alors que dehors, la pluie tombe toujours dru. Il n'y a pas à dire, nous ne sommes pas dépaysés. C'est le genre de journée belge typique, quand il ne pleut qu'une fois … C'est donc avec une certaine appréhension que nous préparons notre sac, dans l'optique de parcourir un trail quasiment hivernal. Je prends une tenue complète de rechange, en me disant que c'est ce qui me permettra de terminer le trail si les conditions sont vraiment mauvaises. Nous sommes tous un peu dégoûtés, mais bon, le temps peut encore changer. D'ailleurs, ils annoncent un temps sec pour le samedi après-midi.
Le réveil sonne à 5h30, pour un départ de l'hôtel à 5h50. Les cent-bornards démarrent à 7 heures, tandis que, sur le 70, nous démarrons à 8 heures. Nous souhaitons bonne chance aux copains qui s'élancent sur le 100, allons prendre un petit café, voyons à la télévision des images incroyables de centimètres et de centimètres de neige qui s'accumulent, de voitures bloquées, de camions en ciseaux … Heureusement, en ce qui nous concerne, le temps a l'air de tenir, et il s'avèrera qu'il fera même très beau cette journée-là. Il aurait même fallu mettre de la crème solaire… Plus de peur que de mal, donc! J'aurai donc crapahuté pour rien avec un sac hyper lourd bon pour le Pôle Nord …
Nous démarrons dans le village, avant de prendre rapidement une piste forestière. Cela grimpe assez rapidement, mais ce n'est pas encore trop pentu. De manière générale, cela aura été rarement pentu au point de me couper le souffle, sauf à une reprise vers le temps de midi, mais là c'était plus dû à la chaleur.
Le parcours se déroule dans le parc naturel "del Garraf", qui est véritablement superbe. Il est traversé par le GR 92. Les paysages alternent entre collines et splendides vues sur la mer, c'est très joli. Il fait vite bon, et on décide d'enlever une couche. Quand je dis "On", c'est moi et Laurent, qui a accepté d'être mon chevalier accompagnant sur cette course. Je ne remercierai jamais assez tous ces hommes qui se dévouent pour que je ne fasse pas course seule. Ils se reconnaîtront ;-)
Nous atteignons la mi-course après 5h15 plus ou moins, après deux chutes pour moi … Dès que les sentiers deviennent caillouteux, en descente, inévitablement, je m'étale. Il faudra vraiment travailler ça. Dans ce cas-ci, cela n'a pas prêté à conséquence, mais cela pourrait aisément. Je m'en sors avec un gros hématome sur le bras et sur la paume des mains.
Psychologiquement, c'est très agréable de se dire qu'on est à mi-course et qu'il n'y a plus que 35 bornes à courir. C'est une distance plus facile à appréhender pour l'esprit. D'ailleurs, beaucoup de traileurs découpent les distances en fonction des ravitaillements, le but étant de rallier l'un après l'autre et de faire ainsi son petit bonhomme de chemin. La distance est ainsi découpée en plusieurs tronçons plus courts, moins effrayants …
Les chemins demeurent semblables: sentiers étroits (dans lesquels il n'est pas toujours évident de planter les bâtons. D'ailleurs, mes dragonnes se prennent souvent dans la végétation, je dois donc courir avec les pointes des bâtons vers l'arrière. Heureusement que c'est Laurent qui me suis, sinon je n'aurais pas osé par peur d'embrocher un coureur!), avec de la caillasse (en descente de préférence, c'est encore mieux!), larges pistes forestières agréables (notamment entre le 40e et le 50e, où je retrouverai un second souffle).
De manière générale, j'aurais pu gagner quelques minutes sur la fin, mais je n'avais plus ni les jambes ni les pieds pour courir. La fatigue s'est installée dès le 50e, et il a fallu gérer après. Par ailleurs, je n'ai jamais osé prendre trop de temps de pause aux ravitos, car mes muscles refroidissaient et se raidissaient très vite, et il était pénible de repartir. Tant que je suis sur la question des ravitaillements, ils étaient plus que corrects. C'était la première fois que je tentais l'expérience du pain de mie avec du fromage ou avec du choco. Franchement, c'est super bien passé. Cela donnait même l'impression d'avoir un petit repas dans le ventre et de ne pas courir avec celui-ci vide.
Côté émotions, ma gorge s'est nouée quand j'ai vu un papa traileur qui me suivait tout à coup piquer un sprint pour rejoindre ses enfants qui l'attendaient au ravito du 60e. C'était beau à voir. D'autant que lui non plus n'était plus capable de courir … C'est également au 60e que je dirai à Laurent: "Bon, maintenant, Laurent, je cours au mental. Si je pleure, râle, tu fais semblant de rien. C'est comme ça et c'est normal". Il en a pris bonne note et fut un excellent partenaire de course. Merci Laurent!
Nous arrivons au dernier ravito. Normalement il reste 3 km, mais on nous dit qu'il en reste encore 5! Petit coup au moral, mais il faut repartir. On met la veste et la lampe frontale, et on y va. On arrive à marcher parfois à du 7 km/h, ce qui est vraiment pas mal. J'ai mal partout, mais je m'accroche. Il faut le finir.
Nous passons l'arche juste sous les 12h, le chrono que j'avais prévu initialement. Un peu déçue d'avoir souffert de la sorte, mais la préparation n'était pas là. Il ne fallait donc pas en attendre trop. Tous les camarades seront finishers, dont Paul qui fera 8e au scratch sur le 100, une sacrée performance, même assez rare pour un traileur belge à l'étranger! C'est fourbus mais ravis que nous reprenons la route de l'hôtel pour une nuit de repos bien méritée.
Trail
+: pas loin, pas cher, belle région, trail assez accessible, organisation familiale, pas encore trop de monde, ravitos plus que corrects, belle région pour rester passer quelques jours ensuite
-: balisage assez light, mais c'est dû aux contraintes du parc naturel, communication parfois déficiente (où mettre les sacs coureurs, cadeau finisher, etc).