UTTJ, un tour en terre de Jura, 14-15 et 16 juillet 2017
Cela faisait déjà un petit temps que je lorgnais sur ce trail, pour sa formule originale et son ambiance qui paraissait bien sympathique. Une copine de Trakks, et championne de surcroît (Bérengère, pour ne pas la citer ;-)), l'avait fait l'année passée en binôme et en était revenue vraiment contente. Nous avions pour idée de le faire en bloc de préparation pour la TDS, la formule solo sur deux jours étant idéale, car c'était à 3-4 kilomètres près exactement la même distance que la TDS, et pratiquement le même dénivelé (68 km pour l'Inch Chalam le premier jour, avec 3700 m de D+, et 44 km pour Entre Bienne et Lizon le deuxième jour, pour 2300 de D+). Nous n'avons pas hésité longtemps avant de nous inscrire aussi sur le semi-km vertical qui avait lieu le vendredi, en prélude, car autant nous mettre un maximum de dénivelé dans les jambes, d'autant que les montagnes (et même les collines) ne poussent pas comme des champignons dans nos contrées ...
Vendredi
Nous arrivons donc le vendredi à 15 heures, récupérons nos dossards, nous changeons rapidement car le semi-km vertical, et bien, il démarre déjà à 16h. J'avais décidé de le faire cool, mais voilà que j'ai le dossard numéro 1, la poisse! Je ne le ferai donc pas en mode cool, mais en mode semi-cool, car il faut quand même faire un minimum honneur à ce dossard n° 1 de cette première édition du semi-KV! Nous nous mettons en file face à des escaliers qui nous emmènent plus loin dans la montagne. Je suis la première à m'élancer donc. Le commentateur me charrie, moi la petite Belge qui tient ses bâtons à l'envers, je vous jure. Moi qui voulais passer incognito et faire mon petit dénivelé tranquille, c'est mort … Je m'élance, en marchant, mais assez vite quand même. Seb est censé me rejoindre rapidement, mais met plus de temps que prévu. Il est vrai que ce n'est pas le genre d'effort qu'il affectionne, car on monte haut en cardio. En revanche, j'aime plutôt bien. Je l'attends donc un peu. J'aurais mieux fait de le laisser derrière, car il voit que je me débrouille bien et me met donc la pression quand j'ai envie de faire une petite pause! Non mais hé!! Je ne suis pas venue pour faire une place, mais pour engranger du D+ et des km! J'avais décidé de prendre mes bâtons pour ce semi-KV, mais clairement, si vous faites un KV, optez pour le "sans-bâtons", car ils sont plus gênants qu'autre chose. Ils empêchent de s'agripper des mains quand il le faut ou de pousser sur les cuisses. A refaire, ce serait donc sans. Nous arrivons en haut après une quarantaine de min, je me suis fait dépasser par 3 féminines, dont une dame de 60 ans passés, qui, d'après ce que j'entends, remporte encore des courses! Chapeau! Une fois arrivés en haut, nous attendons le reste de la bande et redescendons peinards. C'est là que je reçois un coup de fil de Sophie me disant qu'apparemment, je suis 5e (et donc récompensable). Bon, on se dépêche un peu, on m'appelle sur le podium, c'est un peu la honte, car toutes les filles qui me précèdent ont mis dans les 35 min, et moi 5 min de plus, mais qu'est-ce que je fous là, franchement! Je reçois un beau t-shirt rouge, trop grand, que Seb met désormais ;-)
Nous partons nous installer dans le gymnase, reconverti en bivouac pour l'occasion. C'est vraiment très très bien organisé. Deux personnes nous attendent à l'accueil, nous remettent des étiquettes pour la consigne, chaque coureur a droit à un emplacement avec une chaise. Nous installons notre matelas de compète' (merci Virginie!), et partons ensuite manger. Nous ne traînons pas, car le départ de la première manche de cette course solo est donné le lendemain à 6 h.
Samedi – 6 heures
La météo s'annonce radieuse. Les conditions sont donc a priori favorables. Il s'agit, pour cette première journée, d'en garder sous le pied, car une seconde grosse journée nous attend le lendemain. Nous démarrons prudemment, et commençons par des sentiers très peu empruntés, j'ai l'impression, au vu des nombreuses herbes folles qui les jonchent. Il faut préciser que l'organisation met un point d'honneur à changer de parcours chaque année, quel travail! Bravo à elle. Nous aurons l'impression de ne faire que grimper sur les 20 premiers km, et c'est effectivement le cas. Nous prenons 2000 m de D+ sur cette seule partie! C'est assez épuisant, mais la moyenne kilométrique ne s'en ressent pas. On sent que l'entraînement des derniers mois paie. Au 16e km, probablement à la suite d'un moment d'inattention, c'est souvent comme cela que ça arrive, je glisse sur un sentier de terre qui avait été expressément débroussaillé pour l'occasion et, catastrophe: mon épaule et mon coude gauches restent en arrière. La douleur est intense, je crie et reste allongée. Je tente de me relever mais suis prise de vertiges, et me rassieds. Et là, je dois le dire, pas un, mais pas un coureur n'a continué sans s'arrêter, c'en était même fatigant pour Seb qui devait réexpliquer sans cesse et sans cesse la même chose, dire que ce n'était pas grave, bla bla bla. Pas grave, probablement, mais qu'est-ce que c'était douloureux. Les secours ont vite été prévenus par les coureurs, sont "descendus sur les lieux", mais tout le monde a cru que je m'étais fait un coup. Dans ce cas, il n'y avait certes rien à faire. Mais il s'est avéré ensuite que c'était une déchirure, et il n'y aurait rien eu à faire non plus! Je prends donc un anti-douleur sur les conseils de la kinésithérapeute qui est venue jeter un œil. Je lui dis que je vais repartir, mais sans les bâtons, car impossible d'effectuer le mouvement de balancier sans douleur. Elle me les ramènera à l'arrivée. Un grand merci à elle. Le début de la reprise est vraiment pénible, car le simple "ballotement" du muscle fait mal. On ne s'en rend pas compte quand tout va bien, mais les muscles des bras bougent beaucoup quand on court, et donc, je souffraaiiiiiissssssssssss!!! Puis l'antidouleur a commencé à agir, et j'ai tout doucement cessé de pleurer et de m'apitoyer sur mon sort, même si c'est compliqué pour la "brayouse" que je suis (cf. les comptes rendus précédents).
On aborde au 20e l'une des difficultés majeures de la journée, une montée sèche de 700 m de D + en 2 km qui doit nous emmener à Rose Blanche, et bien, elle passera comme une lettre à la poste, sans bâtons, en 50 min. Cela me ragaillardit un peu! C'est ensuite que nous irons vraiment au cœur de la montagne jurassienne, magnifique, cette première journée aura été splendide, en tous points. Cette partie jusqu'au Crêt de Chalam (Le crêt de Chalam est un sommet du massif du Jura culminant à 1 545 m d'altitude. Il est situé dans le département de l'Ain) sera faite de faux-plats montants, descendants, où l'on se sent enfin avancer, avec de temps en temps quelques montées très sèches style pentes de ski.
Nous repasserons deux fois au même ravitaillement, juste avant et juste après le Crêt de Chalam, où je retrouverai ma chère kinésithérapeute qui prendra de mes nouvelles. C'est là que Laurent, ainsi qu'il nous le racontera le soir, a mal indiqué le chemin à une traileuse, qui jouait le podium: il l'enverra courir une deuxième fois le Crêt de Chalam, misère. Elle était en deuxième position à ce moment-là. Il lui manquait à mon avis de lucidité, tant à elle qu'à lui…
Les vingt derniers km seront beaucoup, mais alors beaucoup plus faciles, hormis cette petite bosse sur le dénivelé représenté sur le dossard, qui n'a l'air de rien, comme un Mont Saint-Aubert me dira Seb, mais alors interminable sur le terrain. On n'en voyait pas le bout! De plus, elle ne présentait pas vraiment d'intérêt paysager, bref, du kil pour du kil comme on dit dans le jargon! Une fois cette dernière difficulté franchie, nous déroulerons jusqu'à l'arrivée, avec un beau finish dont je suis coutumière, hé hé. Nous parcourrons ce dernier tronçon avec une Suissesse très sympathique, qui a effectué la TDS l'année passée (j'en profite pour glaner quelques informations). Notre rythme est peu ou prou (allez, je voulais le caser celui-là) pareil, sauf qu'elle a besoin de moins de pauses que moi.
Tout est prévu pour les coureurs au franchissement de la ligne d'arrivée: des chaises, des transats, une piscine pour se tremper les pieds. L'organisation est vraiment aux petits soins pour les coureurs, et il faut que cela se sache. Je récupère mes bâtons, qui ne me serviront pas le lendemain non plus. Cette mésaventure m'aura montré que je sais m'en passer, et c'est tant mieux, car il arrive qu'ils me gênent plus qu'autre chose. Par contre, je les prendrai sur la TDS, car ils peuvent être bien utiles en cas de coup dur.
Nous rentrons au gymnase prendre une douche avant de se faire masser. Je ne le fais jamais d'habitude, mais vu qu'on est repartis le lendemain, autant essayer. On se demande d'ailleurs comment on va faire pour redémarrer, vu notre démarche en canard … Mais chaque chose en son temps.
Souper ensuite, prévu pour l'organisation, et dodo. On se dit que cette épreuve est bien partie et que nous devrions normalement la mener à bien.
Dimanche
Le lendemain, surprise, les jambes ne font pas trop mal, en tout cas, elles arrivent à nous porter jusqu'à la tente dans laquelle est servi le petit-déjeuner.
Et nouvelle surprise, elles répondent même très bien au démarrage! Bon ben, on y va alors. Cette seconde étape aura davantage le profil d'une Bouillonnante, avec des murs incessants. C'est éreintant, d'autant qu'il fait chaud et d'autant que je me reblesse au 16e, encore une fois (je ferai attention quand j'atteindrai le 16e km à la TDS …). Nous sommes dans un passage technique et je dois franchir un gros rocher en m'agrippant à un arbre. Mais je m'y prends mal, certainement du fait que je n'ai qu'un bras depuis la veille …, et je retombe en me raccrochant à l'arbre et en hurlant de douleur. On perdra quelques minutes dans l'aventure, ce qui fait râler Seb. Mais désolée, j'ai besoin d'une pause … Pour perdre du temps et récupérer un peu mieux, je lui dis que je dois vérifier mes pieds, je vide mes chaussures, je vais faire pipi, bref, je traîne la patte. Il part un peu devant, ce n'est pas grave. Juste attendre que les mauvais moments passent … Puis une bonne heure après, je retrouve des forces dans un super G (d'ailleurs, le trail de l'Abbaye d'Aulne vous en a concocté un magnifique le 17 septembre ;-)), je récupère Seb et on court, pas mal ma foi, sur une longue portion faite d'un faux-plat montant. J'ai les jambes de nouveau, tout va bien. On arrive à un sacré mur, qu'à cela ne tienne, il passe sans encombres, mais j'avoue qu'il arrachait bien les jambes … Et puis pareil, succession de faux-plats montants, et je continue de courir, tout va bien.
Il commence à faire très chaud. En arrivant au dernier ravitaillement, après une très longue portion de 10 km alternant bitume et sentiers en descente, je dis à Seb que je commence à avoir chaud et que je dois faire une pause plus longue. Je m'assieds, laisse le temps à la tête de refroidir. Je sentais que je commençais à avoir le regard vitreux. Bref, une pause s'imposait. Puis on redémarre. On nous dit qu'il y en a pour 6 km de montée, je reste donc sur la réserve, mais en fait, il y en aura moins. Je préfère les surprises de ce genre. On se fait dépasser par un coureur inscrit sur la formule Duo. Qu'est-ce qu'il paraît frais par rapport à nous! C'est incroyable. C'est là qu'on se dit qu'à partir d'un moment, même si tu donnes tout, c'est la tête qui te porte, et rien d'autre. Puis arrive la dernière descente. Je fais attention, car elle est caillouteuse, et je n'ai pas envie de me remettre en mode "brayouse" alors qu'on touche au but. Nous la descendons prudemment, mais bien quand même, et comme à mon habitude, je lâche les chevaux tout à la fin où, comme à son habitude, Seb connaît une défaillance. Je l'attends quand même, vu que lui m'attend tout le temps, ce serait vache … Nous franchissons la ligne d'arrivée à deux, très heureux d'avoir réussi cet objectif qui nous ouvre une voie royale vers la TDS. Mais chaque chose en son temps. Nous gardons à l'esprit que la montagne, indomptable, force à l'humilité …
Clap de fin sur cet UTTJ! Une organisation que nous recommandons chaudement. Tout y est parfait, minutieusement pensé. N'hésitez pas!
Cela faisait déjà un petit temps que je lorgnais sur ce trail, pour sa formule originale et son ambiance qui paraissait bien sympathique. Une copine de Trakks, et championne de surcroît (Bérengère, pour ne pas la citer ;-)), l'avait fait l'année passée en binôme et en était revenue vraiment contente. Nous avions pour idée de le faire en bloc de préparation pour la TDS, la formule solo sur deux jours étant idéale, car c'était à 3-4 kilomètres près exactement la même distance que la TDS, et pratiquement le même dénivelé (68 km pour l'Inch Chalam le premier jour, avec 3700 m de D+, et 44 km pour Entre Bienne et Lizon le deuxième jour, pour 2300 de D+). Nous n'avons pas hésité longtemps avant de nous inscrire aussi sur le semi-km vertical qui avait lieu le vendredi, en prélude, car autant nous mettre un maximum de dénivelé dans les jambes, d'autant que les montagnes (et même les collines) ne poussent pas comme des champignons dans nos contrées ...
Vendredi
Nous arrivons donc le vendredi à 15 heures, récupérons nos dossards, nous changeons rapidement car le semi-km vertical, et bien, il démarre déjà à 16h. J'avais décidé de le faire cool, mais voilà que j'ai le dossard numéro 1, la poisse! Je ne le ferai donc pas en mode cool, mais en mode semi-cool, car il faut quand même faire un minimum honneur à ce dossard n° 1 de cette première édition du semi-KV! Nous nous mettons en file face à des escaliers qui nous emmènent plus loin dans la montagne. Je suis la première à m'élancer donc. Le commentateur me charrie, moi la petite Belge qui tient ses bâtons à l'envers, je vous jure. Moi qui voulais passer incognito et faire mon petit dénivelé tranquille, c'est mort … Je m'élance, en marchant, mais assez vite quand même. Seb est censé me rejoindre rapidement, mais met plus de temps que prévu. Il est vrai que ce n'est pas le genre d'effort qu'il affectionne, car on monte haut en cardio. En revanche, j'aime plutôt bien. Je l'attends donc un peu. J'aurais mieux fait de le laisser derrière, car il voit que je me débrouille bien et me met donc la pression quand j'ai envie de faire une petite pause! Non mais hé!! Je ne suis pas venue pour faire une place, mais pour engranger du D+ et des km! J'avais décidé de prendre mes bâtons pour ce semi-KV, mais clairement, si vous faites un KV, optez pour le "sans-bâtons", car ils sont plus gênants qu'autre chose. Ils empêchent de s'agripper des mains quand il le faut ou de pousser sur les cuisses. A refaire, ce serait donc sans. Nous arrivons en haut après une quarantaine de min, je me suis fait dépasser par 3 féminines, dont une dame de 60 ans passés, qui, d'après ce que j'entends, remporte encore des courses! Chapeau! Une fois arrivés en haut, nous attendons le reste de la bande et redescendons peinards. C'est là que je reçois un coup de fil de Sophie me disant qu'apparemment, je suis 5e (et donc récompensable). Bon, on se dépêche un peu, on m'appelle sur le podium, c'est un peu la honte, car toutes les filles qui me précèdent ont mis dans les 35 min, et moi 5 min de plus, mais qu'est-ce que je fous là, franchement! Je reçois un beau t-shirt rouge, trop grand, que Seb met désormais ;-)
Nous partons nous installer dans le gymnase, reconverti en bivouac pour l'occasion. C'est vraiment très très bien organisé. Deux personnes nous attendent à l'accueil, nous remettent des étiquettes pour la consigne, chaque coureur a droit à un emplacement avec une chaise. Nous installons notre matelas de compète' (merci Virginie!), et partons ensuite manger. Nous ne traînons pas, car le départ de la première manche de cette course solo est donné le lendemain à 6 h.
Samedi – 6 heures
La météo s'annonce radieuse. Les conditions sont donc a priori favorables. Il s'agit, pour cette première journée, d'en garder sous le pied, car une seconde grosse journée nous attend le lendemain. Nous démarrons prudemment, et commençons par des sentiers très peu empruntés, j'ai l'impression, au vu des nombreuses herbes folles qui les jonchent. Il faut préciser que l'organisation met un point d'honneur à changer de parcours chaque année, quel travail! Bravo à elle. Nous aurons l'impression de ne faire que grimper sur les 20 premiers km, et c'est effectivement le cas. Nous prenons 2000 m de D+ sur cette seule partie! C'est assez épuisant, mais la moyenne kilométrique ne s'en ressent pas. On sent que l'entraînement des derniers mois paie. Au 16e km, probablement à la suite d'un moment d'inattention, c'est souvent comme cela que ça arrive, je glisse sur un sentier de terre qui avait été expressément débroussaillé pour l'occasion et, catastrophe: mon épaule et mon coude gauches restent en arrière. La douleur est intense, je crie et reste allongée. Je tente de me relever mais suis prise de vertiges, et me rassieds. Et là, je dois le dire, pas un, mais pas un coureur n'a continué sans s'arrêter, c'en était même fatigant pour Seb qui devait réexpliquer sans cesse et sans cesse la même chose, dire que ce n'était pas grave, bla bla bla. Pas grave, probablement, mais qu'est-ce que c'était douloureux. Les secours ont vite été prévenus par les coureurs, sont "descendus sur les lieux", mais tout le monde a cru que je m'étais fait un coup. Dans ce cas, il n'y avait certes rien à faire. Mais il s'est avéré ensuite que c'était une déchirure, et il n'y aurait rien eu à faire non plus! Je prends donc un anti-douleur sur les conseils de la kinésithérapeute qui est venue jeter un œil. Je lui dis que je vais repartir, mais sans les bâtons, car impossible d'effectuer le mouvement de balancier sans douleur. Elle me les ramènera à l'arrivée. Un grand merci à elle. Le début de la reprise est vraiment pénible, car le simple "ballotement" du muscle fait mal. On ne s'en rend pas compte quand tout va bien, mais les muscles des bras bougent beaucoup quand on court, et donc, je souffraaiiiiiissssssssssss!!! Puis l'antidouleur a commencé à agir, et j'ai tout doucement cessé de pleurer et de m'apitoyer sur mon sort, même si c'est compliqué pour la "brayouse" que je suis (cf. les comptes rendus précédents).
On aborde au 20e l'une des difficultés majeures de la journée, une montée sèche de 700 m de D + en 2 km qui doit nous emmener à Rose Blanche, et bien, elle passera comme une lettre à la poste, sans bâtons, en 50 min. Cela me ragaillardit un peu! C'est ensuite que nous irons vraiment au cœur de la montagne jurassienne, magnifique, cette première journée aura été splendide, en tous points. Cette partie jusqu'au Crêt de Chalam (Le crêt de Chalam est un sommet du massif du Jura culminant à 1 545 m d'altitude. Il est situé dans le département de l'Ain) sera faite de faux-plats montants, descendants, où l'on se sent enfin avancer, avec de temps en temps quelques montées très sèches style pentes de ski.
Nous repasserons deux fois au même ravitaillement, juste avant et juste après le Crêt de Chalam, où je retrouverai ma chère kinésithérapeute qui prendra de mes nouvelles. C'est là que Laurent, ainsi qu'il nous le racontera le soir, a mal indiqué le chemin à une traileuse, qui jouait le podium: il l'enverra courir une deuxième fois le Crêt de Chalam, misère. Elle était en deuxième position à ce moment-là. Il lui manquait à mon avis de lucidité, tant à elle qu'à lui…
Les vingt derniers km seront beaucoup, mais alors beaucoup plus faciles, hormis cette petite bosse sur le dénivelé représenté sur le dossard, qui n'a l'air de rien, comme un Mont Saint-Aubert me dira Seb, mais alors interminable sur le terrain. On n'en voyait pas le bout! De plus, elle ne présentait pas vraiment d'intérêt paysager, bref, du kil pour du kil comme on dit dans le jargon! Une fois cette dernière difficulté franchie, nous déroulerons jusqu'à l'arrivée, avec un beau finish dont je suis coutumière, hé hé. Nous parcourrons ce dernier tronçon avec une Suissesse très sympathique, qui a effectué la TDS l'année passée (j'en profite pour glaner quelques informations). Notre rythme est peu ou prou (allez, je voulais le caser celui-là) pareil, sauf qu'elle a besoin de moins de pauses que moi.
Tout est prévu pour les coureurs au franchissement de la ligne d'arrivée: des chaises, des transats, une piscine pour se tremper les pieds. L'organisation est vraiment aux petits soins pour les coureurs, et il faut que cela se sache. Je récupère mes bâtons, qui ne me serviront pas le lendemain non plus. Cette mésaventure m'aura montré que je sais m'en passer, et c'est tant mieux, car il arrive qu'ils me gênent plus qu'autre chose. Par contre, je les prendrai sur la TDS, car ils peuvent être bien utiles en cas de coup dur.
Nous rentrons au gymnase prendre une douche avant de se faire masser. Je ne le fais jamais d'habitude, mais vu qu'on est repartis le lendemain, autant essayer. On se demande d'ailleurs comment on va faire pour redémarrer, vu notre démarche en canard … Mais chaque chose en son temps.
Souper ensuite, prévu pour l'organisation, et dodo. On se dit que cette épreuve est bien partie et que nous devrions normalement la mener à bien.
Dimanche
Le lendemain, surprise, les jambes ne font pas trop mal, en tout cas, elles arrivent à nous porter jusqu'à la tente dans laquelle est servi le petit-déjeuner.
Et nouvelle surprise, elles répondent même très bien au démarrage! Bon ben, on y va alors. Cette seconde étape aura davantage le profil d'une Bouillonnante, avec des murs incessants. C'est éreintant, d'autant qu'il fait chaud et d'autant que je me reblesse au 16e, encore une fois (je ferai attention quand j'atteindrai le 16e km à la TDS …). Nous sommes dans un passage technique et je dois franchir un gros rocher en m'agrippant à un arbre. Mais je m'y prends mal, certainement du fait que je n'ai qu'un bras depuis la veille …, et je retombe en me raccrochant à l'arbre et en hurlant de douleur. On perdra quelques minutes dans l'aventure, ce qui fait râler Seb. Mais désolée, j'ai besoin d'une pause … Pour perdre du temps et récupérer un peu mieux, je lui dis que je dois vérifier mes pieds, je vide mes chaussures, je vais faire pipi, bref, je traîne la patte. Il part un peu devant, ce n'est pas grave. Juste attendre que les mauvais moments passent … Puis une bonne heure après, je retrouve des forces dans un super G (d'ailleurs, le trail de l'Abbaye d'Aulne vous en a concocté un magnifique le 17 septembre ;-)), je récupère Seb et on court, pas mal ma foi, sur une longue portion faite d'un faux-plat montant. J'ai les jambes de nouveau, tout va bien. On arrive à un sacré mur, qu'à cela ne tienne, il passe sans encombres, mais j'avoue qu'il arrachait bien les jambes … Et puis pareil, succession de faux-plats montants, et je continue de courir, tout va bien.
Il commence à faire très chaud. En arrivant au dernier ravitaillement, après une très longue portion de 10 km alternant bitume et sentiers en descente, je dis à Seb que je commence à avoir chaud et que je dois faire une pause plus longue. Je m'assieds, laisse le temps à la tête de refroidir. Je sentais que je commençais à avoir le regard vitreux. Bref, une pause s'imposait. Puis on redémarre. On nous dit qu'il y en a pour 6 km de montée, je reste donc sur la réserve, mais en fait, il y en aura moins. Je préfère les surprises de ce genre. On se fait dépasser par un coureur inscrit sur la formule Duo. Qu'est-ce qu'il paraît frais par rapport à nous! C'est incroyable. C'est là qu'on se dit qu'à partir d'un moment, même si tu donnes tout, c'est la tête qui te porte, et rien d'autre. Puis arrive la dernière descente. Je fais attention, car elle est caillouteuse, et je n'ai pas envie de me remettre en mode "brayouse" alors qu'on touche au but. Nous la descendons prudemment, mais bien quand même, et comme à mon habitude, je lâche les chevaux tout à la fin où, comme à son habitude, Seb connaît une défaillance. Je l'attends quand même, vu que lui m'attend tout le temps, ce serait vache … Nous franchissons la ligne d'arrivée à deux, très heureux d'avoir réussi cet objectif qui nous ouvre une voie royale vers la TDS. Mais chaque chose en son temps. Nous gardons à l'esprit que la montagne, indomptable, force à l'humilité …
Clap de fin sur cet UTTJ! Une organisation que nous recommandons chaudement. Tout y est parfait, minutieusement pensé. N'hésitez pas!