Quand tout cela s'est-il décidé? Je ne sais plus trop. Je pense que c'était lors de la remise des prix du Challenge des jeunes en octobre 2016. Mon amie Virginie souhaitait se lancer dans un premier trail de montagne, on a discuté d'Annecy, et c'est parti comme ça. Ou bien est-ce peut-être à la suite d'une discussion sur le groupe du Monts et Collines Trail Team, qui a envoyé lui aussi une grosse délégation. Je ne sais plus trop. Quoi qu'il en soit, nous voilà embarqués dans cette aventure, un gros 80 bornes avec un bon dénivelé (plus que l'ascension du Mont-Blanc, quand même, quand je place les choses sous cet angle, je suis toujours impressionnée). Huguette et Laurent s'inscriront sur ce format également, tandis que Virginie et Fred se lanceront sur la distance marathon.
Seb et moi avions déjà bouclé la distance marathon il y a quelques années. C'était lors de nos débuts en trail, nous en étions revenus enchantés. Il est vrai que le lac d'Annecy est tout simplement sublime, et pour peu qu'il fasse beau, les couleurs sont vraiment splendides.
Au fil des ans, nous essayons de monter progressivement en distance. Cela fait 4 ans maintenant que je participe à des trails de montagne, et je me suis inscrite pour la première fois sur une distance allant au-delà des 100 bornes, la TDS, qui aura lieu fin août. Il est clair que la Maxi-Race s'inscrit dans le cadre de la préparation à cette course, pour engranger des km et du dénivelé.
Deux mois plus tôt, je m'étais rendue à Barcelone avec toute une bande de Tournaisiens pour prendre part à un 70 bornes et 3000 D+. Je m'étais rendu compte à ce moment-là que la préparation laissait à désirer. Pas facile de bien doser les entraînements, de savoir quoi faire, en quelle quantité et à quel moment. J'ai bien des notions glanées dans les revues au fil des ans, mais quand il s'agit de les mettre en pratique, c'est tout de suite nettement plus difficile, et le risque de commettre des erreurs est important. Et en plus quand il faut combiner tout ça avec les enfants – notre priorité numéro un -, le travail et tout le reste, cela devient carrément galère. Seb et moi avons donc décidé de faire appel aux services d'un coach (Yves – Start-Today, pour ne pas le/la citer), pour être le plus performant possible, entendez par là, s'entraîner le plus efficacement possible, c'est-à-dire avec un nombre minimum d'heures par semaine. Si la qualité est là, il y a moyen de réduire la charge et d'en faire moins.
C'est donc confiants que nous arrivons à Annecy. De plus, le we s'annonce festif et joyeux, vu la sacrée bande que nous sommes. Nous logeons du côté de Sevrier, le paysage est sublime, il fait beau (même trop chaud), bref, nous sommes bien!
Départ samedi à 5 heures. Nous nous retrouvons sur la ligne de départ, enfin, dans le sas correspondant au temps que nous sommes censés mettre. On démarre rapidement, pour bien se positionner, tant il y a du monde. C'est un peu la rançon de la gloire de ce genre de courses, elles ne sont pas spécialement plus belles que les autres, mais le renom et le cadre boostent les ventes de dossards, et on se retrouve à défiler à la queue-leu-leu dans les cols, au début du moins, le temps que cela se décante.
Le départ rapide nous permet de bien nous positionner dans la montée du Semnoz, on ne se fait pas dépasser, et on ne doit pas non plus doubler trop de traileurs. C'est donc un départ des plus agréables. Huguette a dû nous laisser filer, le rythme étant légèrement trop rapide pour elle. C'est dommage, il ne manque vraiment pas grand-chose … Laurent est déjà ennuyé par des maux de ventre, on espère que cela passera. Seb aussi … Laurent devra malheureusement s'arrêter vers le 30e km, victime de soucis gastriques, l'un des grands maux du traileur (avec les problèmes de pieds et les blessures). C'est vraiment malheureux, car il était bien. Revenons-en au trail. La première moitié, jusqu'à Doussard, se déroule sans encombre. Le rythme est plus que correct, et régulier. La chaleur ne se fait pas encore trop sentir, les montées se font à couvert, et les descentes sont plutôt faciles. Je constate que je descends BEAUCOUP mieux qu'avant, merci la PPG et Coco ;-) Je sais que tout se jouera dans la seconde moitié du trail et qu'il faut donc arriver le plus frais possible à Doussard.
Nous y arrivons, justement, aux alentours de midi, sous une chaleur accablante. Je sais que je vais revoir les enfants et les amis, et cela me fait déjà chaud au cœur, je suis impatiente. Je les vois qui nous attendent le long de la route, ah que cela fait du bien de les voir! On papote, on donne des nouvelles des uns et des autres. Je les informe que j'ai reçu un sms d'Huguette me disant qu'elle devait malheureusement abandonner suite à une entorse. La connaissant, elle doit enrager … Je leur dis aussi que Laurent a dû abandonner, malgré nos encouragements à poursuivre. Nous ne sommes plus que 2 sur 4, aïe aïe aïe!!
Nous faisons une pause relativement longue à Doussard, nous prenons le temps de bien nous alimenter et de bien nous hydrater. Il fait une chaleur monstrueuse, il faut donc être doublement vigilant. Je vérifie également mes pieds. Tout va bien, on repart. On verra ensuite sur le site Livetrail que nous gagnerons 300 places à ce moment-là sur le classement, en raison uniquement des abandons à cet endroit …
Nous attaquons la longue ascension du col de la Forclaz et du Chalet de l'Alups, de manière extrêmement prudente. En effet, nous allons gagner 1300 m de dénivelé en 13 km, non-stop. Autant se préserver, d'autant que cette montée se fait aux pires heures de cette journée caniculaire! D'ailleurs, et je n'ai jamais vu ça, même sur le Restonica Trail en Corse, des traileurs s'allongent sur le bas-côté, programment leur smartphone pour être certains de se réveiller quelques minutes plus tard. La chaleur les accable tellement qu'ils doivent faire une micro-sieste, alors que nous sommes partis seulement 8 h plus tôt. Nous ne faisons que dépasser, lentement, mais sûrement. Dans la montée du Chalet de l'Alups, il deviendra extrêmement difficile de décoller les pieds tant la chaleur nous cloue au sol. Mais il faut continuer de grimper, pas le choix. A un moment, Seb me dit qu'il n'a plus d'eau. Nous nous posons donc sur un rocher sur le côté, je vérifie sa poche à eau et constate qu'elle a été remise à l'envers, ah la la, on ne le changera plus (il m'a déjà fait le coup du short avec slip intégré à l'envers, j'en ris encore, et François aussi ;-)). Nous continuons et abordons notre descente vers Menton-Saint-Bernard. Il y aura encore une barre d'eau juste avant, j'en profite pour dire à Seb que mon genou droit commence à me faire mal. Ni une ni deux, hop hop hop, je m'allonge, Seb fait la manipulation adéquate, et hop, je repars. Je me suis déjà souvent dit que sans ostéo à la maison, je ne pourrai pas faire tout ce que je fais … J'ai vraiment de la chance.
Nous devons parcourir une succession de faux-plats montants et de descentes avant d'arriver à Menton-Saint-Bernard, dont le château, pour la petite anecdote, a inspiré Walt Disney pour la conception du château de la Belle au bois dormant…
Nous y arrivons, croisons Manu qui en sort, cela fait du bien de le voir. Il fait encore très très chaud. Nous nous ravitaillons correctement, Seb et moi nous disons que ce qui nous attend ne va pas être de la tarte. Mais le moral est là, encore, donc tout va bien.
Nous repartons, facile au début, puis démarre la longue ascension, très sèche je précise, vers Mont Baron. Oh misère qu'elle fait mal. Elle présente deux énormes murs que j'ai envie d'appeler murs ardennais, mais en plus long … Oh que ça fait mal. Seb n'est plus à la fête, il est dans le dur, il arrive tant bien que mal en haut, mais c'est une véritable défaillance qu'il connaît … On se repose un peu en haut, en se disant que c'est fini, mais puis viennent les crêtes, montantes! Seb n'en peut plus. Après-coup, je me suis dit qu'il aurait dû prendre un gel, car c'est à cela qu'ils servent en premier lieu. Mais on n'a tellement pas le réflexe d'en prendre que cela m'est complètement sorti de la tête. Et pourtant, j'en ai toujours un au cas où … Je sais qu'il assurera dans la descente, car cela ne lui demande quasiment pas d'efforts. La voilà justement, cette fameuse descente qui doit nous emmener vers la ligne d'arrivée!! Très cassante au début, elle devient douce vers la fin. Et c'est là que, bien évidemment, votre brayouse nationale va se mettre à pleurer, bien sûr! Seb a beau me dire que c'est la fin, je lui réponds que oui, je sais, et je sanglote de plus belle. On ne se refait pas …
Les caillebotis du lac d'Annecy arrivent, nous allons bientôt franchir la ligne d'arrivée, nous l'avons fait! Tous nos amis nous attendent et nous encouragent, quelle émotion! Rémi et Éline nous accompagnent et nous franchissons la ligne d'arrivée ensemble. Juste magique. Un de ces moments qui restera gravé à jamais. Et toujours ces mots qui me reviennent en tête: Ann, tu as la chance de faire ça, tu as la santé pour le faire, et, cerise sur le gâteau, tu as la chance de partager ça avec Seb.
Bref, en plus d'être brayouse, je suis chanceuse. Elle est pas belle la vie! ;-)
Du côté des copains, François, Julien, Frédérique et Virginie franchiront tous et toutes la ligne d'arrivée de la Marathon Race le lendemain.
C'est avec des étoiles plein les yeux que nous quitterons Annecy, forts du sentiment du devoir accompli!
Seb et moi avions déjà bouclé la distance marathon il y a quelques années. C'était lors de nos débuts en trail, nous en étions revenus enchantés. Il est vrai que le lac d'Annecy est tout simplement sublime, et pour peu qu'il fasse beau, les couleurs sont vraiment splendides.
Au fil des ans, nous essayons de monter progressivement en distance. Cela fait 4 ans maintenant que je participe à des trails de montagne, et je me suis inscrite pour la première fois sur une distance allant au-delà des 100 bornes, la TDS, qui aura lieu fin août. Il est clair que la Maxi-Race s'inscrit dans le cadre de la préparation à cette course, pour engranger des km et du dénivelé.
Deux mois plus tôt, je m'étais rendue à Barcelone avec toute une bande de Tournaisiens pour prendre part à un 70 bornes et 3000 D+. Je m'étais rendu compte à ce moment-là que la préparation laissait à désirer. Pas facile de bien doser les entraînements, de savoir quoi faire, en quelle quantité et à quel moment. J'ai bien des notions glanées dans les revues au fil des ans, mais quand il s'agit de les mettre en pratique, c'est tout de suite nettement plus difficile, et le risque de commettre des erreurs est important. Et en plus quand il faut combiner tout ça avec les enfants – notre priorité numéro un -, le travail et tout le reste, cela devient carrément galère. Seb et moi avons donc décidé de faire appel aux services d'un coach (Yves – Start-Today, pour ne pas le/la citer), pour être le plus performant possible, entendez par là, s'entraîner le plus efficacement possible, c'est-à-dire avec un nombre minimum d'heures par semaine. Si la qualité est là, il y a moyen de réduire la charge et d'en faire moins.
C'est donc confiants que nous arrivons à Annecy. De plus, le we s'annonce festif et joyeux, vu la sacrée bande que nous sommes. Nous logeons du côté de Sevrier, le paysage est sublime, il fait beau (même trop chaud), bref, nous sommes bien!
Départ samedi à 5 heures. Nous nous retrouvons sur la ligne de départ, enfin, dans le sas correspondant au temps que nous sommes censés mettre. On démarre rapidement, pour bien se positionner, tant il y a du monde. C'est un peu la rançon de la gloire de ce genre de courses, elles ne sont pas spécialement plus belles que les autres, mais le renom et le cadre boostent les ventes de dossards, et on se retrouve à défiler à la queue-leu-leu dans les cols, au début du moins, le temps que cela se décante.
Le départ rapide nous permet de bien nous positionner dans la montée du Semnoz, on ne se fait pas dépasser, et on ne doit pas non plus doubler trop de traileurs. C'est donc un départ des plus agréables. Huguette a dû nous laisser filer, le rythme étant légèrement trop rapide pour elle. C'est dommage, il ne manque vraiment pas grand-chose … Laurent est déjà ennuyé par des maux de ventre, on espère que cela passera. Seb aussi … Laurent devra malheureusement s'arrêter vers le 30e km, victime de soucis gastriques, l'un des grands maux du traileur (avec les problèmes de pieds et les blessures). C'est vraiment malheureux, car il était bien. Revenons-en au trail. La première moitié, jusqu'à Doussard, se déroule sans encombre. Le rythme est plus que correct, et régulier. La chaleur ne se fait pas encore trop sentir, les montées se font à couvert, et les descentes sont plutôt faciles. Je constate que je descends BEAUCOUP mieux qu'avant, merci la PPG et Coco ;-) Je sais que tout se jouera dans la seconde moitié du trail et qu'il faut donc arriver le plus frais possible à Doussard.
Nous y arrivons, justement, aux alentours de midi, sous une chaleur accablante. Je sais que je vais revoir les enfants et les amis, et cela me fait déjà chaud au cœur, je suis impatiente. Je les vois qui nous attendent le long de la route, ah que cela fait du bien de les voir! On papote, on donne des nouvelles des uns et des autres. Je les informe que j'ai reçu un sms d'Huguette me disant qu'elle devait malheureusement abandonner suite à une entorse. La connaissant, elle doit enrager … Je leur dis aussi que Laurent a dû abandonner, malgré nos encouragements à poursuivre. Nous ne sommes plus que 2 sur 4, aïe aïe aïe!!
Nous faisons une pause relativement longue à Doussard, nous prenons le temps de bien nous alimenter et de bien nous hydrater. Il fait une chaleur monstrueuse, il faut donc être doublement vigilant. Je vérifie également mes pieds. Tout va bien, on repart. On verra ensuite sur le site Livetrail que nous gagnerons 300 places à ce moment-là sur le classement, en raison uniquement des abandons à cet endroit …
Nous attaquons la longue ascension du col de la Forclaz et du Chalet de l'Alups, de manière extrêmement prudente. En effet, nous allons gagner 1300 m de dénivelé en 13 km, non-stop. Autant se préserver, d'autant que cette montée se fait aux pires heures de cette journée caniculaire! D'ailleurs, et je n'ai jamais vu ça, même sur le Restonica Trail en Corse, des traileurs s'allongent sur le bas-côté, programment leur smartphone pour être certains de se réveiller quelques minutes plus tard. La chaleur les accable tellement qu'ils doivent faire une micro-sieste, alors que nous sommes partis seulement 8 h plus tôt. Nous ne faisons que dépasser, lentement, mais sûrement. Dans la montée du Chalet de l'Alups, il deviendra extrêmement difficile de décoller les pieds tant la chaleur nous cloue au sol. Mais il faut continuer de grimper, pas le choix. A un moment, Seb me dit qu'il n'a plus d'eau. Nous nous posons donc sur un rocher sur le côté, je vérifie sa poche à eau et constate qu'elle a été remise à l'envers, ah la la, on ne le changera plus (il m'a déjà fait le coup du short avec slip intégré à l'envers, j'en ris encore, et François aussi ;-)). Nous continuons et abordons notre descente vers Menton-Saint-Bernard. Il y aura encore une barre d'eau juste avant, j'en profite pour dire à Seb que mon genou droit commence à me faire mal. Ni une ni deux, hop hop hop, je m'allonge, Seb fait la manipulation adéquate, et hop, je repars. Je me suis déjà souvent dit que sans ostéo à la maison, je ne pourrai pas faire tout ce que je fais … J'ai vraiment de la chance.
Nous devons parcourir une succession de faux-plats montants et de descentes avant d'arriver à Menton-Saint-Bernard, dont le château, pour la petite anecdote, a inspiré Walt Disney pour la conception du château de la Belle au bois dormant…
Nous y arrivons, croisons Manu qui en sort, cela fait du bien de le voir. Il fait encore très très chaud. Nous nous ravitaillons correctement, Seb et moi nous disons que ce qui nous attend ne va pas être de la tarte. Mais le moral est là, encore, donc tout va bien.
Nous repartons, facile au début, puis démarre la longue ascension, très sèche je précise, vers Mont Baron. Oh misère qu'elle fait mal. Elle présente deux énormes murs que j'ai envie d'appeler murs ardennais, mais en plus long … Oh que ça fait mal. Seb n'est plus à la fête, il est dans le dur, il arrive tant bien que mal en haut, mais c'est une véritable défaillance qu'il connaît … On se repose un peu en haut, en se disant que c'est fini, mais puis viennent les crêtes, montantes! Seb n'en peut plus. Après-coup, je me suis dit qu'il aurait dû prendre un gel, car c'est à cela qu'ils servent en premier lieu. Mais on n'a tellement pas le réflexe d'en prendre que cela m'est complètement sorti de la tête. Et pourtant, j'en ai toujours un au cas où … Je sais qu'il assurera dans la descente, car cela ne lui demande quasiment pas d'efforts. La voilà justement, cette fameuse descente qui doit nous emmener vers la ligne d'arrivée!! Très cassante au début, elle devient douce vers la fin. Et c'est là que, bien évidemment, votre brayouse nationale va se mettre à pleurer, bien sûr! Seb a beau me dire que c'est la fin, je lui réponds que oui, je sais, et je sanglote de plus belle. On ne se refait pas …
Les caillebotis du lac d'Annecy arrivent, nous allons bientôt franchir la ligne d'arrivée, nous l'avons fait! Tous nos amis nous attendent et nous encouragent, quelle émotion! Rémi et Éline nous accompagnent et nous franchissons la ligne d'arrivée ensemble. Juste magique. Un de ces moments qui restera gravé à jamais. Et toujours ces mots qui me reviennent en tête: Ann, tu as la chance de faire ça, tu as la santé pour le faire, et, cerise sur le gâteau, tu as la chance de partager ça avec Seb.
Bref, en plus d'être brayouse, je suis chanceuse. Elle est pas belle la vie! ;-)
Du côté des copains, François, Julien, Frédérique et Virginie franchiront tous et toutes la ligne d'arrivée de la Marathon Race le lendemain.
C'est avec des étoiles plein les yeux que nous quitterons Annecy, forts du sentiment du devoir accompli!